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Alain Miserez (à gauche) et Maxime Provini (à droite)

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Causerie PARKGEST : Alain Miserez et Maxime Provini, deux élus à la confluence des idées justes (1/2)

L’aménagement du territoire formalise non seulement l’évolution des modes de vie et de consommation citadins, mais aussi les aspirations urbanistiques résultant de l’éveil des consciences environnementales, voire plus pragmatiquement, de la disponibilité énergétique.
Au cœur du sujet, le logement, la mobilité, le lien social, le travail. Bien que la fabrique urbaine ne puisse s’envisager sans la revendication citoyenne, les antagonismes politiques condamnent parfois une médiation souhaitable sur des concepts novateurs. Platon décrivait la politique comme partie prenante de l’éducation morale. Pour ce qui relève de « faire la ville », parlons plutôt d’éthique relative au développement économique, à l’emploi, à la jeunesse, à l’identité, au vivre-ensemble.
Réunis dans les locaux de PARKGEST pour une causerie informelle, Maxime Provini, conseiller municipal du parti libéral/radical et Alain Miserez, conseiller municipal et nouveau président du parti du Centre démontrent que dans la jeunesse réside la possibilité de consensus naturels sur les vraies bonnes idées, au-delà des idéologies.

PARKGEST. Comment faire face aux enjeux genevois de l’environnement et du lien social ?
Alain. Notre canton, avec ses 45 communes, possède de formidables potentiels, mais aussi des disparités d’aménagement qu’il s’agit d’homogénéiser. La politique est au service de ce projet commun : or, en Suisse à l’instar de nombreux pays européens, se renforce la tentation d’un activisme éventuellement hors la loi, sensé se justifier par sa capacité de mobilisation et son pouvoir d’inflexion sur les autorités. D’une certaine manière, les mouvements protestataires non structurés et sporadiques, tels que les gilets jaunes en France, ont légitimé ce que nous considérons, Maxime et moi-même, comme un danger pour la démocratie. Pour notre part, nous n’envisageons la confrontation politique que dans le respect des lois et le dialogue.
Maxime. Les Pâquis cristallisent les enjeux environnementaux et sociaux de la Ville, avec une population se plaignant de l’absence d’arborisation et d’équipement, d’une délinquance consubstantielle des trafics de drogue. Les acteurs politiques ont avant tout pour rôle de cultiver le débat d’idées sans laisser de place au chaos. Nous l’avons vécu récemment dans le stérile épisode du bitume arraché aux Pâquis impliquant la conseillère administrative écologiste Frédérique Perler.

Quels aspects du fonctionnement politique devraient être améliorés ?
Alain. Le temps des citoyens n’est pas le même que le temps politique et bien souvent, ce qui est vécu comme une urgence face à tel ou tel dysfonctionnement prend un temps excessif à se résoudre, du dépôt de la motion à la décision du Conseil d’État. Le temps consacré à la réflexion, puis à la rédaction de la proposition est souvent mal récompensé par le délai imposé par la commission, puis le Conseil.
Maxime. Je pense aussi que la lenteur du processus parlementaire est un frein rédhibitoire dans un monde anthropique marqué par l’urgence. Nous devons penser de nouveaux moyens d’action pour engager les réformes et les progrès motivés par les nouveaux rythmes numériques et technologiques.

Sur le sujet de la mobilité, que souhaiteriez-vous pour Genève ?
Alain. Je souhaite la réduction du trafic automobile et la piétonnisation intelligente de la ville. À Genève, il est tout à fait possible de libérer l’espace public par la construction de parkings souterrains. L’espace gagné permettrait la création de parcs arborisés et mis à la disposition de la population. Nous devons également encourager les nouvelles habitudes de consommation de la mobilité et valoriser le déplacement à vélo en uniformisant les pistes cyclables et en apportant une information complète aux Genevois. Si nous prenons l’exemple du canton de Neuchâtel, il a été possible d’engager 3% du PIB de la ville pour construire un tunnel autoroutier urbain de 4150 mètres permettant la traversée souterraine de la ville. Nous pouvons désormais faire les 107 km du tour du lac de Neuchâtel à vélo, à l’écart de la circulation.
Maxime. Je partage la vision d’Alain. Nous devons continuer à développer le U lacustre avec le projet de la passerelle du Mont-Blanc, destinée aux piétons, qui permettrait de libérer les trottoirs du pont du Mont-Blanc et de fluidifier le trafic vélo et motorisé sur le pont du Mont-Blanc. Mais, le temps consacré à la préparation et les conditions financières imposées par la Confédération fragilisent le projet (sa participation financière est prévue, pour autant que les travaux s’achèvent avant fin 2025). Il y a aussi des synergies à trouver entre les différents acteurs communaux, cantonaux et privés qui pourrait permettre de gagner du temps, je pense notamment à La Fondation des Parkings et à la Gérance Immobilière municipale qui devrait être beaucoup plus impliquées dans la recherche de solutions. Enfin, selon moi, la traversée du lac reste également une évidence, mais là encore, la mentalité court-termiste de certaines politiques décourage ce type de super-projet.