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Xavier Jeanneret, Fondateur et Directeur général d’Urban Project SA

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Causerie PARKGEST. Xavier Jeanneret, Fondateur et Directeur général d’Urban Project SA, résume sa vision de l’urbanisme par le prisme du Quartier de l’Étang

Pourquoi piloter des programmes aussi complexes que le Quartier de l’Étang à Vernier, les Jardins de la Pâla à Bulle, ou le Quartier Saint-Michel à Moudon, alors que l’on a réussi auprès d’une clientèle aisée, dans la construction de villas patriciennes et de beaux objets d’habitat ? La réponse vient vite au contact du bouillant patron de l’entité genevoise devenue en une décade un acteur central des grandes opérations urbanistiques : Xavier Jeanneret est une personnalité ambitieuse, motrice, entière. Sur les raisons de son succès, il affirme que l’on ne gagne pas seul et que les épreuves de la vie peuvent être surmontées. Huit questions directes posées à ce talentueux chef d’entreprise.

PARKGEST. Vous avez une formation d’architecte. Comment êtes-vous passé du saut créatif à la gestion de projets immobiliers d’envergure ?
Xavier Jeanneret. Mon parcours n’a rien de linéaire. Après trois ans de service militaire dans les forces aériennes et des études d’ingénierie à Genève, je me suis tourné vers l’architecture, puis vers l’image numérique. J’ai fondé mon propre bureau d’infographie d’architecture, mais j’ai rapidement réalisé que cette activité m’enfermait dans une course technologique qui ne correspondait pas à mes aspirations. Puis, la vie a pris un tournant inattendu. Un drame personnel m’a conduit à une réflexion essentielle : que voulais-je vraiment accomplir ? La réponse s’est imposée d’elle-même : bâtir.
Je me suis spécialisé dans l’architecture d’habitat, puis, au fil des projets, j’ai été sollicité pour des opérations de plus grande envergure. J’y ai découvert mon goût pour la planification, la projection financière et la gestion de contextes complexes. Quand j’ai entendu parler du projet du Quartier de l’Étang, j’ai immédiatement contacté ses initiateurs : « Vous avez besoin d’un pilote. Ce sera moi. »

Quartier de l’Étang – ©Capt3, David Mayenfisch

Urban Project a été choisie pour réaliser l’un des chantiers majeurs de Genève. Quel bilan tirez-vous aujourd’hui ?
C’est une aventure extraordinaire. Nous avons tout pris en main, de l’acquisition des premières parcelles jusqu’aux phases finales de réalisation. Chaque matériau, chaque détail architectural a été pensé avec soin, en veillant à donner du sens à l’ensemble. Mais avant tout, le Quartier de l’Étang est une œuvre collective. Il résulte du travail de centaines de mandataires et de milliers de professionnels, mobilisés autour d’une vision initiée il y a plus de 15 ans. Ce que cette expérience nous enseigne, c’est que l’urbanisme est un engagement sur le temps long, parfois en décalage avec les attentes immédiates des citoyens ou l’évolution du monde. La clé pour réussir ? Un savant équilibre entre rigueur, créativité et anticipation.

Vous avez confié la gestion de trois parkings à PARKGEST. Pourquoi ce choix ?
Le secteur du stationnement est hautement technique et les opérateurs réellement innovants sont rares. PARKGEST nous a convaincus par son approche durable et sa capacité à repenser le concept de parking mutualisé. Beaucoup parlent d’îlots de fraîcheur, de serres urbaines, de parkings partagés… Mais qui passe vraiment à l’action ? Nous, nous l’avons fait. PARKGEST nous accompagne avec une écoute attentive, en s’adaptant aux besoins réels des usagers et en offrant une expérience fluide et optimisée. C’est un partenariat efficace, qui présente un fort potentiel de développement, notamment pour les places dédiées aux vélos et aux deux-roues motorisés. Ce type d’aménagement s’inscrit parfaitement dans une logique de mobilité multimodale et durable.

Parking Les Atmosphères – Quartier de l’Étang

L’accessibilité et la mobilité sont effectivement des enjeux majeurs. Comment imaginez-vous la ville de demain ?
Je fais partie d’une génération pour qui la voiture était un symbole d’émancipation – et j’y reste attaché. Mais il est évident que, pendant trop longtemps, nous avons privilégié la route au détriment de l’environnement. Aujourd’hui, nous sommes à un tournant. À mon sens, le danger serait de tomber dans un effet de balancier extrême. L’avenir repose sur une mobilité mixte, avec des centres-villes de plus en plus piétonniers, tout en étant connectés à des parkings intelligents en périphérie, facilitant la transition vers les transports publics ou la mobilité douce. Le Quartier de l’Étang illustre bien cette mutation : idéalement situé sur un axe majeur, il propose une alternative crédible à la voiture individuelle en centre-ville. Et si l’on rêvait plus grand ? Je vois une ville où les transports publics seraient gratuits et parfaitement interconnectés, offrant à chacun une liberté de mouvement naturelle.

Un quartier, ce ne sont pas seulement des logements et des bureaux. Comment animez-vous un espace comme le Quartier de l’Étang ?
L’animation urbaine est essentielle pour faire vivre un quartier. Nous avons cherché à créer un équilibre entre logements et emplois — environ 3 500 habitants et autant de postes à pourvoir sur place — tout en intégrant commerces, restaurants et infrastructures de loisirs. Nous avons aussi conservé certaines activités préexistantes et introduit des éléments à forte valeur ajoutée, notamment en matière de divertissement et d’art de vivre. L’objectif ? Faire du Quartier de l’Étang un lieu attractif et connecté aux besoins de ceux qui y vivent et y travaillent.

Plan du Quartier de l’Étang – ©ADBR

Urban Project se distingue par une approche terrain, en opposition aux visions purement académiques. Comment définissez-vous votre méthode ?
Nous sommes avant tout des praticiens. Notre approche repose sur le concret : nous sélectionnons les meilleurs architectes, urbanistes et experts pour concevoir des espaces fonctionnels et adaptés aux besoins des usagers. À chaque projet, nous nous posons les mêmes questions : comment ces infrastructures interagissent-elles avec leur environnement ? Comment s’intègrent-elles dans le quotidien des habitants ? Quelles facilités doivent-elles leur offrir pour améliorer leur bien-être et favoriser un équilibre personnel et collectif ? C’est avec cette philosophie que nous avons récemment réalisé sept hôtels, quatre écoles et plusieurs crèches. Chaque projet est pensé pour enrichir son écosystème et s’inscrire harmonieusement dans la ville.

Quelle est votre ambition pour Urban Project dans les dix prochaines années ?
Prendre du recul pour mieux accompagner la montée en puissance de nos équipes. Nous avons la chance de travailler avec de jeunes directeurs talentueux, et mon rôle est désormais de leur donner les moyens de s’épanouir et d’innover. Côté projets, nous avons de grandes ambitions en Suisse et explorons quelques opportunités à l’international. Mais nous restons fidèles à notre marque de fabrique : la prudence et le long terme. Un projet urbain, c’est un engagement sur 15 ans, une empreinte sur près d’un siècle. Nous construisons non seulement des espaces, mais aussi une vision durable de la ville.

Si Urban Project n’existait pas, qu’est-ce qui manquerait ?
Modestement, à l’échelle locale, je dirais que nous apportons une vision sans imposer de modèle, avec pour motif de produire des espaces fonctionnels, harmonieux, contemporains, où l’on vit heureux et en phase avec un progrès partagé par toutes et tous.