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parking sous lacustre

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Parking du Mont-Blanc : un exploit inauguré le 25 mai 1972, après 34 mois de travaux titanesques

On imagine aisément la stupéfaction des autorités municipales genevoises à l’instant où Jean de Toledo leur fit la présentation d’un projet de parking sous-lacustre. L’idée reposait pourtant sur une vision aussi géniale que pragmatique : en 1969, le centre-ville manquait d’espaces de stationnement alors que la déficience des transports publics incitait les Genevois à recourir à l’automobile pour se déplacer dans l’hypercentre. L’équation était néanmoins complexe, car le prix du terrain dans cette partie de la ville interdisait a priori toute rentabilisation d’un parking en surface, notamment par le fait de la quasi-interdiction des solutions à étage. La suggestion de construire sous le lac fit donc son chemin. Au terme d’une négociation sur les conditions d’occupation du domaine public concédées à 65 ans, au-delà desquelles l’ensemble des installations reviendrait à l’État, les travaux purent commencer.

Une réalisation technique pas inédite, mais complexe
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le problème de ce type d’ouvrage n’est pas l’eau qui se situe au-dessus, mais celle qui vient de dessous. Conrad Zschokke, l’entreprise mandatée pour la construction, dut en premier lieu s’assurer que le sol de la zone choisie soit fait d’une glaise parfaitement homogène. Quelle fut alors la principale difficulté technique ? Tout édifice sous-marin provoque une poussée hydrostatique vers le haut, en raison de son volume (à l’image d’un tonneau rempli d’air que l’on immerge). La poussée de 100  000 tonnes du projet n’étant pas compensée par son poids estimé à 43 000 tonnes, il fallut donc réaliser des fondations extrêmement solides. Une digue fut élevée autour du périmètre, puis asséchée par pompage de l’eau. Une fois le fond du lac écroûté, le pourtour du bâtiment fut ceinturé par des parois moulées de 87 cm et de 14 m de haut, où fut préparée la tranchée servant au coulage du béton. Ce travail terminé, ce fut au tour des dalles de sol et intermédiaires, jusqu’à la fermeture étanche de l’édifice par une ultime dalle de 50 cm. Compte tenu des dimensions de l’ouvrage, soit 180 m / 80 m / 10 m, les dilatations causées car les variations de température sont assez importantes. Comme les parois extérieures sont en contact avec l’eau du lac et le terrain adjacent, celles-ci accusent des variations de température différentes que celles des dalles en contact avec l’air ambiant, d’où une structure intérieure flottante par rapport à la coque extérieure. Un double drainage fut également conçu à la base de l’ouvrage, l’un se trouvant placé au-dessus du radier afin de récolter les eaux d’infiltration éventuelles qui auraient tendance à soulever le parking par effet hydrostatique ; l’autre, se trouvant disposé dans le radier lui-même, de manière à récolter les eaux de ruissellement apportées par les véhicules.
La mise en eau se fit alors sans difficulté.

L’avenir appartient aux audacieux
Après quelques mois, les craintes d’augmentation du trafic automobile s’estompèrent. Bien que le parking débouche sur l’artère la plus fréquentée de l’agglomération, avec à l’époque près de 70’ 000 véhicules par jour, on constata une diminution sensible de la circulation. L’objectif était atteint : moins de voitures en surface et un accès facile au centre historique de Genève.

Cinquante ans après, nous restons admiratifs devant l’audace de nos aînés. Que pouvons-nous retirer de cette formidable aventure entrepreneuriale, si ce n’est un encouragement à la créativité, à l’optimisme et à la patience dans les projets que nous menons nous-mêmes . Réduire notre empreinte carbone, réenchanter la ville, favoriser la mobilité douce constitue aujourd’hui un but citoyen. Faisons donc preuve d’audace dans nos efforts pour la revitalisation de l’activité commerçante de l’hypercentre et une meilleure respiration de notre magnifique ville.

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