Mobilité

Parking du Mont-Blanc

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Les parkings sous-terrain, des hubs de multimodalité

Les parkings sous-terrain jouent un rôle central dans la libération de l’espace public et l’encouragement à la multimodalité. Ils constituent des infrastructures indispensables à l’usage automobile, où mouvement et immobilité sont consubstantiels. Mais, quelles forme(s) et quelles fonctions prendront-ils dans l’avenir proche, face à l’évolution des législations environnementales et des politiques de la mobilité ?

Desservir la ville sans la desservir
En milieu urbain, les parkings souterrains sont les mieux adaptés, car ils optimisent l’espace et préservent le paysage architectural tout en offrant sécurité et praticité. Il en existe deux principaux types : les parkings en sous-sol, souvent sous des immeubles résidentiels ou commerciaux, et les parkings en cave, plus profonds et construits sur plusieurs étages, que l’on retrouve dans les grandes villes et zones commerciales.

Les plus grandes places XXL de Suisse, Parking du Mont-Blanc

Les parkings aériens ou silos, quant à eux, permettent de répondre à la contrainte d’espace au sol en empilant les niveaux de stationnement. Leur construction, moins coûteuse que celle des souterrains, les prédispose aux centres urbains denses et aux complexes commerciaux. Les parkings modulaires offrent quant à eux une solution flexible et évolutive. Simples à monter grâce à des éléments préfabriqués, ils sont conçus pour répondre rapidement aux besoins croissants, que ce soit dans les aéroports, les gares, ou les hôpitaux. Leur capacité à s’adapter à des situations d’urgence en fait des infrastructures particulièrement prisées dans des environnements en constante évolution.

Des plans d’action locaux qui modifient formes et fonctions des parkings
Le 27 janvier 2023, le Grand Conseil genevois approuvait, par 50 voix contre 42, le plan d’actions du stationnement 2020-2025, avec pour objectif de réduire de 40 % le trafic motorisé individuel d’ici à 2030. Inscrit dans le cadre du plan climat cantonal, ce plan prévoit la réduction des places de stationnement sur le domaine public et une hausse des tarifs, afin de favoriser la mutualisation des véhicules et le transfert modal.
Le 13 octobre 2023, le Grand Conseil genevois adoptait également à l’unanimité le plan d’actions des transports collectifs 2024-2028. Ce projet ambitieux prévoit une augmentation de 29 % de l’offre des Transports Publics Genevois (TPG) et un renforcement du réseau de tramway, avec des extensions transfrontalières. Ces décisions contribueront certainement à une nouvelle perception de l’architecture, du modèle et des fonctions des parkings du canton.

L’intéressante vision de l’architecte urbaniste Dominique Perrault
En 2020, Dominique Perrault* proposait une reconfiguration audacieuse du stationnement souterrain, en quatre scénarios destinés à constituer un levier majeur de transformation urbaine.

Dominique Perrault, crédit image AFP Joël Saget

Scénario 1 : le parking réaménagé
Les parcs de stationnement existants, souvent situés dans les centres métropolitains denses, sont repensés pour répondre aux nouveaux besoins de mobilité. Les liaisons physiques et visuelles entre la rue et les souterrains sont renforcées, notamment par des ouvertures architecturales qui apportent lumière et air frais, créant des espaces polyvalents capables d’accueillir aussi bien des services de mobilité que des activités culturelles ou commerciales.

Scénario 2 : la place épaisse 
Il s’agit de transformer les places publiques des centres périphériques et régionaux en espaces souterrains multifonctionnels, intégrant des équipements dans le sol pour libérer la surface. Cette configuration permet d’accueillir des activités comme les marchés ou les événements en extérieur, tout en offrant une flexibilité maximale grâce à un agencement souterrain adaptable pour le stockage, la logistique, ou même la consommation énergétique des bâtiments voisins.

Scénario 3 : l’avenue épaisse
Des niveaux de voirie souterrains sont déroulés sous les principaux axes de circulation des grandes métropoles. Cette approche de densification stratégique déplace en sous-sol une multitude de services de mobilité, de logistique et d’industrie légère, libérant ainsi la rue pour des usages plus variés et accessibles aux piétons. Ce modèle offre également un environnement propice aux nouvelles économies urbaines, telles que les ateliers de production sans humains, les fermes de serveurs ou les dark kitchens, qui bénéficient d’une commodité énergétique et d’un accès centralisé.

Scénario 4 : le sol épais 
Un socle souterrain commun qui relie les bâtiments, pour un usage collectif et fonctionnel. Le « sol épais » crée une continuité entre les niveaux inférieurs et supérieurs, offrant des espaces modulables et durables, prêts à évoluer en fonction des besoins urbains. Les accès piétons et véhicules sont optimisés, tandis que les infrastructures souterraines intègrent de la lumière et de l’air naturels pour améliorer la qualité de vie et renforcer la valeur des biens immobiliers.

Ces scénarios ouvrent la voie à un avenir où le stationnement souterrain devient un espace polyvalent, intégré et flexible, permettant aux villes de redéfinir leurs surfaces pour des usages plus inclusifs, durables et adaptés aux besoins des habitants et des nouvelles économies.

 

*Dominique Perrault, architecte français né en 1953, est reconnu pour ses créations contemporaines audacieuses et expérimentales, intégrant des concepts de design et d’urbanisme novateurs. Il fusionne harmonieusement architecture et paysage en utilisant des matériaux modernes. En février 2020, il présente son étude Groundscape, réalisée à la demande d’Indigo, compagnie française spécialiste du stationnement. Ce projet explore la transformation créative des espaces souterrains, fusionnant « sol » et « paysage » pour réinventer les sous-sols de manière lumineuse et innovante.
Parmi les œuvres emblématiques de Dominique Perrault, figurent la Bibliothèque nationale de France à Paris, le vélodrome de Berlin et l’université Ewha en Corée du Sud. Récompensé par de nombreux prix, il s’impose comme une figure majeure de l’architecture contemporaine.